Il existe différents types de troubles de sommeil chez l’adulte. Les enfants ne sont malheureusement pas épargnés. Les cauchemars sont par exemple assez fréquents chez ces derniers. Ils sont cependant sans gravité, excepté les cas où ils deviennent récurrents. C’est du moins ce que disent les résultats de certaines récentes études scientifiques. On est arrivé à établir une corrélation entre les cauchemars fréquents et les troubles psychologiques ultérieurs. Même si l’on a tendance à croire que faire de mauvais rêves est dans la norme des choses, il est important de surveiller d’un peu plus près ses enfants dans ce domaine.

Sommaire

Que dit la science sur les cauchemars et les troubles psychologiques ?

Les idées reçues sur le lien de causalité entre cauchemars et troubles psychologiques sont parfois effrayantes. Mais, on en apprend beaucoup d’une recherche scientifique réalisée par Pr Dieter Wolke de l’université de Warwick (Angleterre).

Contexte de l’étude

Dirigée par le Pr Dieter Wolke, cette étude publiée dans le British Journal of Psychiatry et dans la revue « sleep » s’est basée sur une cohorte de 6796 individus. L’équipe derrière cette étude a notamment recueilli les réponses des parents sur des questions relatives au sommeil de leurs enfants âgés de 2 à 9 ans. Pour atteindre leurs objectifs, les chercheurs ont recueilli les informations dont ils ont besoin sur une dizaine d’années. Lorsque les enfants de la population d’étude fêtent leurs 12 ans, ils sont directement interrogés par l’équipe chargée de l’enquête. De même, on les interroge à leur 18e anniversaire. Ceux ayant la douzaine ont été interrogés sur la fréquence de leurs cauchemars ainsi que les teneurs nocturnes. Les majeurs quant à eux répondent à des questions relatives à leurs potentielles expériences psychotiques (paranoïa, hallucinations…).

Résultat de l’étude

Après l’analyse des données recueillies, il en ressort que les enfants ayant fait des cauchemars de façon fréquente entre 2 et 9 ans sont plus exposés aux troubles psychologiques dès l’âge de 12 ans.

Les enfants ayant eu des cauchemars plus fréquents sont 3,5 fois plus susceptibles que les autres de présenter des troubles mentaux en grandissant.

Ce risque est deux fois plus élevé chez les enfants qui souffrent de terreurs nocturnes. Néanmoins, le somnambulisme et d’autres troubles du sommeil ne semblent pas augmenter les risques de psychose à l’âge adulte.

Différences entre cauchemar et terreur nocturne

Les cauchemars ou mauvais rêves apparaissent chez les enfants entre 1 an et 3 ans. Ils surviennent généralement en milieu ou en fin de nuit. Lorsqu’ils ne concernent que le même thème, ils peuvent devenir très problématiques. Un enfant qui sursaute de son sommeil après un cauchemar garde les souvenirs de ce qu’il a vécu. La peur est moins intense que celle ressentie en cas de terreur nocturne.

La terreur nocturne survient en effet pendant la première phase du sommeil. L’enfant se réveille (il ne s’agit pas d’un réveil à proprement parler) généralement en début de nuit de façon brutale avec des cris et des pleurs. Assis sur le lit avec les yeux ouverts et le cœur qui bat la chamade, il a l’air terrorisé. Il ne reconnaît pas son entourage et ne peut répondre quand on lui parle. À la limite, il aligne des mots incompréhensibles. Contrairement aux personnes victimes de cauchemars, celles qui souffrent de terreur nocturne deviennent amnésiques quant à l’expérience vécue.

Faut-il donc surveiller les cauchemars dans l’enfance ?

Bien que les résultats de l’étude menée soient plus ou moins alarmants, le Pr Wolke affirme ne pas vouloir inquiéter les parents. En réalité, au moins 3 enfants sur 4 font des cauchemars, et dire de façon automatique que ces mauvais rêves conduisent plus tard à des troubles psychologiques peut être angoissant pour les géniteurs. On ne saurait établir de façon stricte à partir de cette étude qu’il existe un lien direct de cause à effet entre les cauchemars chez l’enfant et l’état mental à l’âge adulte. Notons que l’étude est fondamentalement basée sur des déclarations et non un diagnostic clinique.

Le Dr Andrew Thomson, un membre de l’équipe qui a conduit l’étude, rassure qu’il est possible que chez certains enfants, les mauvais rêves ainsi que les terreurs nocturnes n’aient aucun effet sur leur santé mentale plus tard. Néanmoins, il n’y a pas l’ombre d’un doute que la persistance des cauchemars dans l’enfance ou leur association aux terreurs nocturnes pendant l’adolescence peut être un indicateur de sérieux troubles psychologiques à l’âge adulte. Les recherches continuent sur le sujet afin de déterminer avec exactitude l’influence des cauchemars sur l’état psychologique d’un homme. D’ici là, les parents devraient prêter une attention particulière à la qualité du sommeil de leurs enfants.

Qu’est-ce qui explique cette relation entre psychoses et trouble du sommeil ?

D’après le Dr Andrew Thomson, plusieurs raisons peuvent justifier l’influence des troubles de sommeil de l’enfance sur l’état psychologique d’un adulte. Les personnes qui présentent des risques supplémentaires comme un choc traumatique ou encore des antécédents familiaux psychiatriques peuvent avoir une plus grande chance de développer une maladie mentale lorsqu’elles sont sujettes aux cauchemars dans l’enfance. Il en est de même pour les individus sujets aux maux tels que :

  • Le stress ;
  • L’anxiété ;
  • La dépression…

Les causes des cauchemars chez les enfants

Lorsqu’un enfant présente des troubles de sommeil, notamment des cauchemars répétés, il est important de l’aider à s’en sortir afin de prévenir d’éventuels troubles psychologiques qui pourraient apparaître dans l’avenir. Pour ce faire, il faut régler le problème à la source en déterminant les causes de ces cauchemars. C’est d’ailleurs ce que pense Tore Nielsen, professeur de psychiatrie et directeur du Laboratoire des rêves et des cauchemars à l’Université de Montréal. Pour lui, il faut avant tout faire la différence entre les deux types de cauchemars qui existent :

  • Les cauchemars post-traumatiques ;
  • Les cauchemars idiopathiques.

On parle d’idiopathie lorsqu’on ne sait d’où viennent les mauvais rêves, encore moins pourquoi on les fait. En général, les cauchemars de cette catégorie sont le reflet des relations personnelles avec ses proches (conjoint, parents…) et non la traduction d’un traumatisme.

La cause des mauvais rêves chez les adultes

Chez les adultes, plusieurs évènements, notamment stressants, peuvent affecter la qualité du sommeil. Il s’agit par exemple des situations comme :

  • La perte d’emploi ;
  • La rupture amoureuse ;
  • L’échec professionnel…

L’intensité de ces cauchemars peut varier en fonction de la gent et de la créativité des personnes. En effet, ces personnes font plus de cauchemars parce qu’elles ont plus accès à leurs émotions et à leur imagination. La prise de certains médicaments peut aussi entraîner les cauchemars chez les adultes. Les causes des mauvais rêves chez les enfants ne sont cependant pas les mêmes.

Les causes des cauchemars chez les enfants

Chez l’enfant, on peut avoir du mal à identifier les causes d’un cauchemar. Il existe en effet une multitude de raisons, à savoir :

  • La peur de l’inconnu ;
  • L’insécurité ;
  • La difficulté d’apprentissage…

L’enfant peut également faire de mauvais rêves parce qu’il a capté une information durant la journée, information qui lui est incompréhensible. Ses préoccupations vont se présenter sous diverses formes pendant son sommeil. Les rêves sont également un moyen pour les petits de vivre des conflits intérieurs. Il leur permet d’affronter le monde des grands. L’arrivée d’un petit frère, l’adaptation dans le milieu scolaire, un déménagement ou encore un changement d’enseignant sont autant de situations qui peuvent entraîner de mauvais rêves chez l’enfant. En outre, il peut avoir imprimé dans sa mémoire une image impressionnante vue dans un livre ou à la télé. Cette image refera surface lorsqu’il s’endort. C’est pour cela qu’il faut choisir avec attention les chaînes de télévision que vos enfants doivent regarder. Il doit en être de même pour les livres que vous leur lisez le soir avant qu’ils s’endorment.

Comment réagir si votre enfant fait un cauchemar ?

Le plus souvent, votre enfant se réveille en pleine nuit et crie votre nom. Il court au salon en cherchant à s’échapper du monstre qui le poursuivait dans son sommeil. En tant que parent, vous devez le rassurer tout de suite en restant quelques instants avec lui. Il est important de ne pas attendre qu’il s’endorme complètement avant de quitter sa chambre. Cela lui indique que vous avez assez confiance pour le laisser seul. Mais avant, il est conseillé de lui faire raconter son mauvais rêve. C’est alors que vous l’aiderez à transformer la partie effarante de son cauchemar en quelque chose de positif ou drôle. Toujours dans l’idée de le rassurer, vous pouvez lui remettre son jouet préféré ou son toutou. Une musique douce peut également faire l’affaire. Cela l’aidera à revenir à des sentiments plus positifs.

Par ailleurs, vous devez laisser sa porte ouverte tout en lui rappelant que vous n’êtes pas loin. Contrairement à ce que font certains parents, évitez de laisser votre enfant dormir dans votre chambre. Il faut qu’il sache que sa chambre est aussi un lieu sûr et qu’il n’a pas à avoir peur dans son lit. Vous ne devez surtout pas vous moquer de ses peurs puisqu’elles sont réelles. Vous devez plutôt chercher à savoir si quelque chose le tracasse à la maison ou à l’école. En mettant en pratique toutes ces astuces, vous vous assurez de ce que les cauchemars ne deviennent pas persistants chez votre bout de chou. En conséquence, il ne présentera pas des risques de troubles psychologiques à l’âge adulte.

Miser sur le dessin pour faire fuir les mauvais rêves

Le dessin est un bon moyen qui permet à l’enfant de s’exprimer autrement. S’il mentionne ses cauchemars dans la journée, n’hésitez pas à l’encourager à dessiner ses peurs. Vous pourrez alors l’aider à trouver une solution imaginaire ou à orienter son histoire vers une fin qui lui plaît. Il peut par exemple faire du gribouillage jusqu’à ce que le monstre sur son dessin disparaisse. Lorsqu’on effectue cette tâche à plusieurs reprises, cela modifie les mauvais rêves de l’enfant ou les fait disparaître.

Les résultats sont très prononcés pour les enfants se trouvant dans la tranche d’âge allant de 6 à 11 ans. À la place du dessin, il est également possible d’utiliser la pâte à modeler. Il pourra alors représenter ses grosses frayeurs, et vous l’aiderez à les transformer en quelque chose de gai et positif. Vous pouvez même lui suggérer de petites « astuces » que, jadis, vous utilisiez pour triompher de toutes peurs. Lorsque cet exercice est bien réalisé, cela fera disparaître chez votre bambin la crainte de se mettre au lit.

Quelques techniques pour encourager le sommeil paisible chez votre enfant

Il est important de tout mettre en œuvre pour réduire le nombre de cauchemars chez votre enfant. Il y va non seulement de son bonheur, mais également du vôtre. C’est pour cela qu’en tant que parent, vous devrez mettre en place une routine avec votre bambin avant d’aller au lit. Il peut s’agir d’un câlin, d’une « inspection » de sa chambre ou encore d’une berceuse. À cette routine s’ajoute le fait de le coucher à des heures régulières. Vous pouvez également suivre les conseils suivants :

  • Mettre au besoin une veilleuse dans sa chambre ;
  • Éviter de lui raconter des histoires de monstre ou de le laisser suivre des films violents avant qu’il aille se coucher ;
  • Prendre le temps de parler de quelque chose de positif avant qu’il ne s’endorme ;
  • Mettre un bruit de fond si cela est du goût de votre enfant.

Vous l’aurez compris ! Le plus important est de tout faire pour que votre enfant se sente à l’aise et en sécurité.

Quand faut-il s’inquiéter ?

Il arrive qu’un gros câlin ou toute autre démarche pour rassurer l’enfant victime de cauchemars reste infructueux. Il demande coûte que coûte à rejoindre votre lit puisque ses cauchemars persistent. Bien que les mauvais rêves soient normaux et fassent partie du développement de l’enfant, il faut commencer à s’inquiéter s’ils sont trop fréquents ou trop intenses. Les risques de persistance du mal sont élevés dans les cas de figure suivants :

  • La durée des épisodes dépasse les 10 min ;
  • L’enfant a tendance à s’échapper ;
  • La famille présente des antécédents importants…

Lorsque vous êtes confronté à une telle situation, il est conseillé de consulter un médecin.

Si l’enfant n’est pas pris en charge rapidement, le problème risque de s’aggraver pour atteindre un niveau critique. Pour un enfant de moins de 12 ans, le médecin a pour rôle de rassurer lui et ses parents en les informant sur le mécanisme du trouble. Il leur donnera également les démarches à suivre pour en venir à bout. Pour un jeune enfant ou un adolescent, le professionnel peut envisager une prise en charge psychologique. En consultant un professionnel, vous réduisez les chances que votre enfant soit sujet aux troubles psychologiques quand il grandira.

Que retenir de ce guide sur le lien entre les cauchemars chez l’enfant et les troubles psychologiques à l’âge adulte ? Les cauchemars sont des mauvais rêves aussi bien redoutés par les adultes que par les enfants. Chez ces derniers, la persistance du trouble peut conduire à une psychose. Le risque est d’autant plus élevé chez ceux qui présentent des antécédents familiaux ou des chocs traumatiques. Il faut donc tout mettre en œuvre pour connaître la cause des cauchemars chez vos enfants afin de les aider à s’en débarrasser. Le recours à un spécialiste devient nécessaire lorsque le trouble persiste sur des semaines, voire des mois.